Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
345
EN-NOWEIRI.

§ XIII. — INVASION DE L’ESPAGNE.

Cette invasion eut lieu l’an 92 de l’hégire (710-711 de J.-C.) sous la conduite de Tarec-Ibn-Zîad, client de Mouça-Ibn-Noceir.

Dans la chronique intitulée El-Kamel (le complet), Ibn-el-Athîr a donné quelques détails sur les événements qui se sont passés en Espagne et sur l’ancienne histoire de ce pays ; nous reproduirons ici les renseignements qu’il a fournis, attendu que cette conquête fut un des plus brillants triomphes des armées musulmanes. Après quelques notions préliminaires sur l’ancienne histoire de l’Espagne[1], il donne une nomenclature des souverains, les uns idolâtres, les autres chrétiens, qui régnèrent sur cette contrée. Voici ce qu’il dit de la famille de Witiza. Ce prince commença à régner en l’an 77 ou 78 de l’hégire (696-698 de J.-C.). Il laissa, en mourant, deux fils ; mais le peuple, ne voulant pas vivre sous leur autorité, se donna pour souverain un nommé Roderic, qui s’était distingué par sa bravoure, mais qui n’appartenait pas à la maison royale. Les princes d’Espagne avaient coutume d’envoyer leurs enfants des deux sexes à Tolède, où ils entraient au service du roi, qui ne prenait pas d’autres serviteurs. Quand ils avaient reçu une éducation convenable et atteint l’âge de puberté, le roi les mariait entr’eux et se chargeait du trousseau. A l’avènement de Roderic, Yulîan (Julien), seigneur d’El-Djezîra-t-el-Khadrâ[2], Ceuta et autres lieux, plaça sa fille à la cour, et le roi, frappé de sa beauté, lui fit violence. Elle écrivit à son père pour l’en informer, et celui-ci, pénétré d’indignation, adressa à Mouça-Ibn-Noceir[3], une lettre dans laquelle il se dé-

  1. Je supprime ici la matière d’environ une page d’impression, ne voulant pas reproduire un amas de fables et d’erreurs qu’Ibn-el-Athîr nous donne comme une esquisse de l’ancienne histoire de l’Espagne.
  2. El-Djezîra-t-el-Khadrâ (l’île verte), maintenant Algésiras.
  3. Selon Ibn-Abd-el-Hakem, qui rapporte le même fait, Julien s’adressa à Tarec, qui se trouvait alors à Tanger avec un corps de dix-sept cents hommes. — M. de Gayangos, dans sa tradition anglaise des Dynasties musulmanes de l’Espagne, par El-Maccari, a réuni et discuté, dans une savante note, tous les renseignements que les auteurs arabes et chrétiens nous fournissent au sujet du compte Julien (en arabe Ilîan