Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/523

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Sur la nouvelle que Temmam avait quitté Tunis à la tête d'une armée nombreuses, Ibn-Mocatel invita tous ceux qui étaient dévoués au gouvernement à se mettre sous ses ordres et de marcher contre le rebelle. Ibn-el-Aghleb l'avait déjà devancé, et, dans le combat qui s'ensuivit, Temmam perdit beaucoup de monde et se trouva forcé de rentrer à Tunis. Ibn-Mocatel fit alors marcher ses troupes contre cette ville et rentra lui-même à Cairouan avec Temmam, le vendredi 8 du même mois, et lorsqu'il eut le pouvoir en main, il envoya son prisonnier à Baghdad avec d'autres chefs de la milice qui s'étaient fait un métier de la révolte. Arrivés là, ils furent tous jetés dans la prison d'Etat. L'historien nous apprend ensuite qu'Ibn-Mocatel conserva l'autorité à Cairouan jusqu'à ce qu'il fût rappelé par le khalife Er-Rachid et remplacé par Ibrahim-ibn-el-Aghleb, comme on le verra dans l'histoire des Aghlebides.

§ xxxvii − Commencement de la dynastie aghlebide

Cette dynastie fut la première qui s'établit en Ifrikïa ; la première aussi qui, dans ce pays, porta le nom de dynastie. Jusqu’alors cette province avait été gouvernée par des lieutenants, et lorsque l'un d'eux venait à mourir ou qu'il fallait le déposer à cause de sa mauvaise conduite, sa destitution émanait de celui qui commandait aux musulmans, c’est-à-dire du khalife oméïade et ensuite du khalife abbacide. Mais bientôt la famille d'Aghleb s’éleva au faîte du pouvoir et forma une dynastie presqu'indépendante ; respectant toutefois la suzeraineté des Abbacides, en leur reconnaissant le droit de commandement, et en manifestant à leur égard une soumission qui n’était pourtant pas toujours entière. Ainsi, si le khalife avait voulu déposer un ce ces princes, pour le remplacer par un individu d’une autre famille, il aurait rencontré chez eux une résistance ouverte. Le souverain aghle-