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XLIX
INTRODUCTION.

sait dans le désordre. Vers cette époque elle céda de nouveau aux instances d’Abou-Zîan ; mais cette fois-ci elle se révolta contre l’autorité mérinide. Le sultan fit marcher son vizir pour la combattre, pendant qu’Ibn-Khaldoun alla encore rassembler les Arabes douaouida et occuper son ancienne position à El-Guetfa. Les Hosein furent attaqués avec tant d’impetuosité qu’ils perdirent tous leurs troupeaux et durent se jeter dans le Désert avec Abou-Zîan. Ce prince passa alors dans le pays des Ghomeri ou Ghomra, région occupée de nos jours par les Aulad-Naïl, et il parvint à les soulever contre le sultan. Ibn-Khaldoun reçut l’ordre de marcher avec ses Arabes contre les insurgés. Cette démonstration ayant suffi pour les faire rentrer dans le devoir, il envoya une dépêche au sultan pour l’instruire du résultat de l’expédition ; puis il alla séjourner à Biskera en attendant les ordres de la cour.

Pendant qu’il travaillait ainsi pour le service du sultan Abd-el-Azîz, l’influence qu’il avait acquise sur les Arabes excita les appréhensions d’Ahmed-Ibn-Mozni, seigneur de Biskera. Ce chef, trompé par de faux rapports, céda à ses craintes et même à sa jalousie, de sorte qu’il écrivit au ministre mérinide une lettre dans laquelle il se plaignait amèrement de la conduite de son hôte. Il en résulta le rappel d’Ibn-Khaldoun qui partit de Biskera avec sa famille (septembre 1372), afin de se rendre auprès du sultan. Arrivé à Milîana, il prit le chemin du Désert qui suit le bord du Tell ; mais, parvenu aux sources de la rivière Za, il fut attaqué par les Aulad-Yaghmor, peuplade arabe qu’Abou-Hammou, du fond de sa retraite à Tîgourarîn, avait lancé contre la caravane. « Quelques-uns des nôtres, dit-il, échappèrent à cette embuscade, grâce à la vitesse de leurs chevaux, et se réfugièrent dans la montagne de Debdou, mais, le reste, et j’étais de ce nombre, fut réduit à s’enfuir à pied. Tous nos bagages nous furent enlevés. Nous marchâmes ensuite pendant deux jours dans un désert aride, et je parvins enfin à rejoindre mes compagnons qui se tenaient encore sur le Debdou. » Arrivé, enfin, à Fez, il y trouva un excellent accueil ; le vizir Abou-Bekr-Ibn-Ghazi, devenu maintenant régent de l’empire par suite de la