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D’IBN KHALDOUN.


faits dont nous sommes journellement témoins suffisent pourP. 10. confirmer nos observations ; le passé et l’avenir se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

D’ailleurs l’empire des Perses l’emportait de beaucoup sur celui des Israélites : c’est ce que prouvent les victoires de Bakht-nasar (Nabuchodonosor), qui s’empara de leur pays, leur enleva toute autorité, détruisit Jérusalem, siège de leur religion et de leur puissance. Or ce prince n’était qu’un simple gouverneur d’une des provinces de la Perse, un satrape [merzeban), dit-on, qui commandait la frontière occidentale de cet empire. Ajoutons à cela que les deux Iracs, le Khoraçan, le Ma-ouera-’n-neher (la Transoxiane) et El-Abouab (les portes Caspiennes, Derbend), provinces de cet empire[1], présentaient une étendue bien supérieure à celle du pays des Israélites; et cependant jamais les armées de la Perse n’atteignirent à beaucoup près un pareil nombre[2]. Le corps le plus considérable que les Persans aient jamais l’éuni, celui qui combattit à Cadecîya[3], se composait de cent vingt mille hommes d’armes, dont chacun avait sa suite. C’est ce qu’atteste Seif (Ibn Omar el-Acedi[4]), qui ajoute : « Avec les hommes de leur suite ils dépassaient le nombre de deux cent mille[5].» Selon Aïcha[6] et Zohri[7], l’armée avec laquelle Rostem (le général persan) combattit Sâd (le général arabe) aux environs de Cadecîya se composait de soixante mille hommes, dont chacun avait sa suite[8].

De plus, si le nombre des Israélites avait atteint ce chiffre, leur territoire aurait pris une grande extension et leur domination se serait étendue au loin. Les gouvernements et les royaumes sont grands
  1. Pour عالڪم, lisez عالڪهم.
  2. Notre auteur n’avait jamais entendu parler de l’armée de Xerxès.
  3. En l’an 15 de l’hégire.
  4. Voy. ci-devant, p. 5, note 5.
  5. Voy. Taberist. Annales, t. II, p. 291; édit. de M. Rosegarten.
  6. La veuve de Mohammed.
  7. Ibn-Chihab ez-Zohri, de la tribu de Coreïch, célèbre tradilionniste et légiste, mourut en l’an 124 de l’hégire (742 de J. C.). Il comptait au nombre des Tabis, ayant connu et fréquenté plusieurs des compagnons de Mohammed.
  8. Taberist. Ann. loco laudato.