Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/192

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6Ô PROLÉGOMÈNES

impuissant, et, tant par devoir que par nécessité, il doit faire l'aveu de son incapacité. Celui qui a Dieu pour soutien verra les routes s'a- planir devant lui, et un succès complet couronner ses efforts et ses recherches. Nous allons, avec l'aide de Dieu, entreprendre de réali- ser le plan de notre ouvrage. Dieu est le directeur, le secourable; c'est en lui que l'on doit mettre sa confiance !

Il nous reste à faire quelques observations préliminaires concer- nant la manière dont nous avons exprimé le son de certaines lettres qui n'appartiennent point à la langue arabe, et que nous devons re- présenter dans cet ouvrage.

Il faut savoir que, dans la prononciation, les lettres, ainsi qu'il sera expliqué ci-après, expriment les variétés des sons qui sortent du larynx et se produisent par le brisement qu'éprouve la voix en frappant la luette, les extrémités de la langue, ainsi que le gosier, le palais ou les dents, et aussi par le battement des lèvres : la variété des sons tient à ces diverses manières de les modifier. Les lettres ar- ticulées offrent à l'oreille des différences sensibles et servent à former des paroles qui indiquent des idées. Les sons énoncés par un peuple ne sont pas toujours identiques avec ceux d'un autre : une nation a des lettres qui manquent chez sa voisine. Celles que les Arabes em- ploient sont au nombre de vingt-huit, comme chacun sait; mais nous P. 5d. trouvons chez les Hébreux des lettres qui n'existent pas dans notre langue, et celle-ci, à son tour, en présente qui sont étrangères à la langue des Hébreux. Il en est de même des Francs, des Turcs, des Berbers et d'autres peuples étrangers. Or, en écrivant l'Arabe, on est convenu de représenter le son des lettres au moyen de signes écrits qui se distinguent par leur forme. C'est ainsi qu'ont été inventés les ca- ractères elif, ba, djim, ra, ta, etc. jusqu'à la dernière des vingt-huit lettres. Mais, lorsque les Arabes rencontrent une lettre (articulée) qui ne fait pas partie des lettres de leur langue , ils ne lui donnent aucun représentatif écrit, et s'abstiennent de l'indiquer. Quelquefois ce- pendant il se trouve des écrivains qui, pour figurer un son de cette nature , le représentent par le signe de la lettre qui , dans notre bouche ,

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