Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 215

la sphère supérieure; elle a cependant reçu de la nature la disposi- tion nécessaire pour y parvenir. Les sens externes, étant de leur na- ture corporels, sont susceptibles d^ faiblesse et de relâchement, conséquences de la fatigue et de la lassitude; si on les tient en action trop longtemps, ils finissent par offusquer l'esprit. Dieu a donc créé dans les sens le besoin de repos, afin que leur opération perceptive- puisse recommencer avec toute son activité. Cela se fait par un mou- vement de l'esprit vital, qui se détourne des' sens extérieurs pour rentrer dans le sens interne. Le refroidissement du corps pendant la nuit contribue à ce changement; la chaleur naturelle quitte alors l'extérieur du corps pour se porter dans les profondeurs de l'inté- rieur, et la chose à laquelle elle sert de véhicule, c'est-à-dire, l'es- P.ii prit vital, s'y transporte aussi. Voilà pourquoi le sommeil, chez les hommes, a^ presque toujours lieu pendant la nuit. L'esprit, s'étant dégagé des sens extérieurs, rentre auprès des facultés internes; l'âm'e, débarrassée des préoccupations et des obstacles que lui suscitent les sens, revient aux images conservées dans la mémoire, les combine, les décompose, et leur donne (d'autres) formes offertes par l'imagi- nation. Ce sont presque toujours des formes habituelles, vu que (l'âme) ne s'était détachée de ses perceptions accoutumées que de- puis peu de temps. Elle fait descendre ces formes (ou idées) jus- qu'au sens interne, faculté qui rassemble les perceptions recueillies par les cinq sens, et qui reçoit ce nouveau dépôt comme s'il lui était arrivé par la voie des sens.

Quelquefois l'âme se tourne, pendant un seul instant, vers son essence spirituelle, et cela .malgré la résistance que lui opposent les facultés internes. Elle parvient alors, par son organisation natu- relle, à saisir des perceptions au moyen de sa spiritualité. Ayant re- cueilli quelques-unes des formes (idées) qui s'étaient attachées à

' Les manuscrils et les éditions impri- * La particule L« est de trop. Elle ne

mées portent ^^; mais il faut, sans doute, se trouve pas dans l'édition de Boulac.

lire ,j.c. (Voyez, du reste, p. 189, ligne 3 (Voy. ci-devant, p. 207, note 5, et p. 2i4,

du texte arabe.) note i.)

�� �