Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/405

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la sympathie et l’appui desquels on peut compter. Une famille qui s’est fait respecter et craindre par son union et par son esprit de corps, et qui se compose d’individus appartenant à une race dont le sang est pur et la réputation intacte, se place par cette confraternité de sentiments, dans une position très-avantageuse et obtient de grands succès. Si, avec cela, elle compte au nombre de ses aïeux plusieurs personnages illustres, elle exerce encore plus d’influence. Ainsi l’illus- tration et la noblesse n’existent que dans les familles puissantes et unies. Une famille est plus ou moins ’ considérée, selon la force ou la faiblesse de son esprit de corps ; c’est en se faisant respecter qu’elle arrive à l’illustration. Dans les villes, les habitants vivent chacun de son côté et ne possèdent qu’une noblesse de convention, bien qu’ils s’imaginent le contraire et qu’ils essayent de donner à leurs préten- tions une teinte de probabilité. Là l’homme respectable est celui dont les aïeux étaient des gens de bien, qui fréquente les hommes vertueux et qui recherche, autant que possible, la paix et la tranquillité. Cela diffère beaucoup de l'esprit de corps qui se développe dans les familles vraiment nobles et descendues d’illustres aïeux. C’est par une espèce de métaphore qu’on reconnaît pour noble une famille établie dans une ville et qui aurait eu dans sa généalogie une série d’ancêtres habitués à suivre les sentiers de la vertu. Ce n’est pas ime telle noblesse qui donne une considération réelle. Une famille arrive au premier degré de l’illustration au moyen de son esprit de corps et des belles qualités dont elle a fait preuve; mais, aussitôt qu’elle laisse P. 244. étouffer ses sentiments généreux par les habitudes de la vie sédentaire , elle perd sa considération. Etablie dans une ville, elle se mêle aux gens du peuple, tout en conservant l’idée que la noblesse lui reste encore. Elle s’imagine être au niveau de ces maisons illustres dont tous les membres se soutiennent mutuellement, animés, comme ils le sont, d’un même esprit de corps; mais elle n’y a aucun droit, parce que l'esprit de corps lui manque tout à fait. Beaucoup de citadins qui ont passé leur enfance sous latente, soit avec les Arabes, soit avec


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