Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/510

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leurs pareils et à la religion. La royauté, institution qui dérive natu- rellement de la réunion des hommes en société, y trouva aussi des prescriptions pour la régler, et qui lui donnèrent un caractère reli- gieux, afin que toutes les institutions humaines fussent placées sous le contrôle de la loi divine. Aux yeux de cette loi, l'oppression, l'em- ploi de la force brutale , les outrages que l'on commet lorsqu'on donne carrière à sa colère , sont des actes tyranniques et répréhensibles. Les lois qui émanent de la sagesse humaine réprouvent aussi ces actes; mais tout ce qu'elles prescrivent de contraire aux prévisions de la loi divine' mérite condamnation. En effet, c'est essayer de voir sans le secours de la lumière de Dieu, et celui à qui Dieu na pas départi sa lumière reste dans les ténèbres. [Coran, sour. xxiv, vers. Ao.) D'ailleurs, le législateur inspiré sait mieux que personne ce qui convient au bonheur des hommes, puisqu'il connaît ce qui leur est caché, c'est- à-dire les choses de l'autre vie. Au reste, les œuvres de chaque indi- vidu, qu'il soit roi ou sujet, se présenteront toutes devant lui au jour de la résurrection : Ce sont vos actions qui se présenteront devant vous, a dit le Prophète. Les lois d'origine humaine n'ont en vue que le bien- être des hommes en ce bas monde ; ils connaissent l'extérieur de ce monde [Coran, sour. xxx, vers. 6); mais les lois d'origine divine ont pour but de leur assurer le bonheur dans l'autre. Les lois émanées de Dieu imposent (au souverain] l'obligation de porteries hommes à observer ce qu'elles prescrivent relativement à leurs intérêts dans ce monde et dans fautre. Pour faire exécuter cette prescription, il faut un pro- P. 3U. phète, ou un homme qui tienne la place d'un prophète; tels sont les khalifes. Le lecteur comprend maintenant la nature du khalifat; il voit que la royauté pure est une institution conforme à la nature hu- maine , et qu'elle oblige la communauté à travailler pour accomplir les projets et satisfaire aux passions du souverain; il reconnaît que le gouvernement réglé par des lois sert à diriger la comnmnauté selon les vues de la raison, afin que le peuple jouisse des biens du

Dans l'édilion de Boulac et dans deux s^^iJI ne se trouveni pas. On a eu torl de de nos manuscrits, les motsjJiJ yjc ^j^ les supprimer.

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