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ont transmis à leur égard, suffisent pour démontrer leur sincérité. Aussi (l'imam) Malek a-t-il cité un trait d'Abd el-Melek comme preuve d'un principe qu'il a consigné dans son Mowalta. Parmi les disciples des Compagnons, Merouan (père d'Abd el-Melek) tenait le premier rang, et son mérite est connu de tout le monde. L'autorité passa successivement aux fils' d'Abd el-Melek. Ces princes montrèrent un grand zèle pour la religion; deux d'entre eux régnèrent avant leur cousin Omar, fils d'Abd el-Aziz, et deux après lui. Pendant toute sa vie, Omar tâcha de l'égler sa conduite sur celle des Compagnons et des quatre premiers khalifes. Les successeurs de ces princes se posèrent en souverains temporels; dans tous leurs desseins et projets ils ne pensaient qu'aux biens de ce monde ; ils oublièrent l'exemple de leurs aïeux, qui eurent toujours soin de se diriger dans la bonne voie et de soutenir avec dévouement la cause de la vérité; aussi le peuple blâma-t-il hautement la conduite de ces princes indignes, et linit- il par substituer les Abbacides aux Oméiades. Les premiers souve- rains de la nouvelle dynastie étaient des hommes de bien qui firent le meilleur emploi de la puissance impériale. Après Er-Rechîd, ses fils montèrent successivement sur le trône. Parmi eux, les uns étaient vertueux et les autres vicieux. Leurs descendants et successeurs cédèrent aux exigences du luxe et de la souveraineté; ils tournèrent le dos à la religion pour se livrer aux plaisirs et aux vanités du monde. Dieu permit alors la ruine de cette dynastie; il enleva^ le pouvoir aux Arabes pour le donner à un peuple étranger, et Dieu ne fait tort à personne, pas même du poids d'un atome. [Coran, sour. iv, vers. 44.) Si l'on examine la conduite de ces khalifes et souverains, si l'on observe combien les uns différaient des autres dans les soins qu'ils devaient mettre à suivre la bonne voie et à repousser les vanités du monde, on conviendra que nos observations ne manquent pas de justesse. On P. 373. trouve un trait qui a rapport à cette matière dans une anecdote que

' Pour ot)Jj, lisez oJj. plus élégante, mais elle n'influe en rien

' Les manuscrits C, D, et l'édition de sur le sens. Boulac portent : ^t>AJ'; cette leçon est

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