Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/552

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dans les esprits et de ne pas briser le bon accord dont le maintien avait été une des grandes préoccupations du législateur.

Voilà ce qu’on doit penser de la conduite de Moaouïa; sa probité bien reconnue et sa qualité de Compagnon du Prophète ne permettent pas d’avoir un autre avis à son égard. D’ailleurs les principaux Compagnons assistèrent à la nomination de Yezîd sans proférer une parole d’improbation , ce qui montre leur bonne opinion des intentions de Moaouïa. Us n’étaient pas cependant de ces gens qui montrent de la nonchalance^ lorsqu’il s’agit de soutenir la cause de la vérité, et Moaouïa n’était pas homme à se laisser influencer par l’orgueil dans l’exercice de ses droits. La noblesse de leurs sentiments et leur honorable caractère les mettaient tous au-dessus d’une pareille conduite. Si Abd-Allah, fds d’Omar, évita d’assister à cette réunion, on doit attribuer son absence à la disposition religieuse qu’on lui connaissait et qui le portait à fuir toutes espèces d’affaires, soit licites, soit dé- fendues. La nomination de Yezid reçut l’approbation de tous les musulmans, à l’exception d’ (Abd-Allah) Ibn ez-Zobeïr et d’un petit nombre d’autres.

P.-38o. Après Moaouïa, d’autres khalifes pleins de droiture agirent de la même manière. Tels furent Abd el-Melek et Soleïman, les Oméiades; Es-SefTah, El-Mansour, El-Mehdi et Er-Rechîd, de la famille des Abbacides, et d’autres encore dont on connaît la probité et le zèle pour le bien des musulmans. On ne doit pas leur faire un reproche d’avoir quitté la voie tracée par les quatre premiers khalifes et d’avoir légué l’autorité à leurs fils ou à leurs frères. Ils ne se trouvaient pas dans les mêmes conditions que les anciens khalifes : au temps de ceux-ci , l’esprit de la souveraineté ne s’était pas encore montré ; l’influence de la religion retenait tout le monde dans le devoir, et chacun portait un moniteur dans son cœur; aussi laissèrent-ils l’autorité à celui qui convenait le mieux pour les intérêts de la religion , et ils renvoyèrent les ambitieux au contrôle de leur propre conscience. Mais, à partir de Moaouïa, l’esprit de corps tendait vers la monar-

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