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468 PROLEGOMENES

des temps anciens; d'aiileurs il pensait que ce titre lui ferait partager (le mépris dont on couvrait) les hommes ignorants et les jeunes (étourdis) qui formaient la postérité des khalifes, tant en Orient qu'en Occident. Abd el-Moumen, à qui il légua le pouvoir, prit le titre d'émîr el-moumenîn, et le transmit à ses descendants. Plus tard les Hafsides de l'Ifrîkiya en firent de même. Ces princes se réservaient le titre dont nous parlons et ne permettaient à personne de le pren- dre ; en cela ils se conformaient à ce que le Mehdi fondateur de leur secte avait prescrit, et à leur conviction que ce personnage et ses successeurs avaient seuls le droit d'exercer l'autorité suprême, depuis que le parti des Coréichides (soutien de l'ancien khalifat) n'existait plus.

Le gouvernement du Maghreb s'étant ensuite désorganisé, les Ze- nata (Mérinides) s'emparèrent du pouvoir. Les premiers souverains de la nouvelle dynastie ayant conservé les mœurs rudes et simples de la vie nomade, se réglèrent d'après l'exemple des Lemtouna (les Al- moravides) et se contentèrent du titre à'émtr el-moslemîn. Ils agis- saient ainsi par égard pour la dignité du khalife, dont ils respectaient l'autorité, c'est-à-dire du khalife descendant d'Abd el-Moumen, et, plus tard, du khahfe hafside. Les souverains zenatiens qui régnèrent dans les derniers temps s'attribuèrent le titre d'émir el-moumenîn et le portent encore. De cette manière ils ont satisfait aux exigences de la dignité royale, dont il fallait étendre l'action et compléter les attributions. i fi^^ ,

��P. 4 1 5. Sur ia signification des noms Babba (Pape) el Batrik ( Patriarche) , termes employés chez les chrétiens, et sur celui de Cohen, dénomination usitée chez les Juifs.

La religion a besoin d'un chef qui la maintienne en l'absence du Prophète. Ce chef oblige le peuple à se conformer aux prescriptions et aux ordonnances de la loi révélée. Il est, pour ainsi dire, le lieu- tenant du Prophète, étant chargé de veiller à l'accomplissement des devoirs que celui-ci a imposés. Les hommes, avons-nous dit, sont obligés de se réunir en société et, s'ils recherchent les avantages

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