Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/67

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D'IBN KHALDOUN.

��LIX

��parti du sultan. Craignant la colère d'un souverain envers lequel elle eut de graves torts à se reprocher, elle rentra brusquement dans ses cantonnements et s'empressa de faire venir Abou Zîan du lieu de sa retraite, chez les Aoulad Yahya Ibn Ali, et de le prendre sous sa pro- tection. En cédant ainsi au même esprit de révolte qui l'avait animée con re le gouvernement d'Abou Hammou, cette tribu ralluma le feu de la guerre dans le Maghreb central.

Vers la même époque, Hamza Ibn Ali Ibn Rached', membre de la tribu de Maghraoua, quitta secrètement le camp du vizir, et se rendit maître du pays arrosé par le Chélif et du territoire qui avait appartenu à sa famille. Le sultan dépêcha son vizir Omar Ibn Mesaoud avec un corps de troupes pour étouffer cette révolte. Pendant ce temps je restai à Biskera dans l'isolement, ne pouvant communiquer avec le sultan que par écrit '^.

Les troubles qui régnaient dans le Maghreb central m'empêchèrent d'aller joindre Abd el-Azîz, qui, fort inquiet de la tentative de Hamza Ibn Ali , avait envoyé son vizir Omar, avec un corps de troupes , pour assiéger le château de Taguemraount ^, où ce jeune homme s'était

��' La famille de Hamza Ibn Ali avait com- mandé la grande tribu berbère des Magh- raoua. ( Pour l'histoire de ce jeune homme , voyez l'Histoire des Berbers, t. III, p. 325, ett. IV.p. 385.)

' Ibn Khaldoun était encore à Biskera quand il apprit qu'Ibn el-Khatîb avait aban- donné le service du sultan de Grenade et s'était réfugié auprès du sultan Abd el- .4zîz, à Tiemcen. (Voyez Histoire des Ber- bers, t. IV, p. 390.) Au moment de quitter l'Espagne , ce vizir adressa une longue lettre à son souverain, dans laquelle il lui exposa les motifs de sa conduite. Cette pièce est rapportée par Ibn Khaldoun comme un document de la plus haute im- portance par les renseignements politiques qui s'y trouvent. Elle est trop longue pour

��être reproduite ici et tiendrait mieux sa place dans une notice spéciale sur Ibn el-Rhatîb. Notre auteur donne aussi la copie d'une lettre qu'il écrivit à Ibn el- Rhatîb, en réponse à une autre qu'il avait reçue de lui.

' Agaemmoan ((jj«jt)i et au féminin taguemmount (cjjj-sJ'^J")' signifie « colline » en langue berbère. Ibn Khaldoun ne con- naissant le berber que très-imparfaitement , écrit toujours Tadjhammoumt (o-»}-^*-*-') ou Taijuehammoumt. La localité dont il est question ici est une montagne située dans le Dahra ( ty^ ) , au nord du Chélif et à moitié chemin d'Orléansville à Ténès. Elle s'éiève à la distance de six kilomètres ouest de la roule stratégique qui réunit ces deux villes.

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