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D'IBN KHALDOUN. 95

les objets vendus, el il soumet à une taxe les marchandises elles- mêmes, quand on les introduit dans la ville. Il est contraint de prendre ces mesures parce que les fonctionnaires publics ont be- soin de forts traitements afin de vivre dans le luxe, et qu'une grande augmentation s'est faite dans l'armée. Quand l'empire est prêt à suc- comber, le poids des impôts a ordinairement atteint sa dernière limite, les marchés chôment par suite du découragement des négo- P. 83. ciants, ce qui annonce la ruine de la prospérité publique, malheur dont l'Etat pâtira. Cela continue jusqu'à la chute de l'empire. Dans les derniers temps des Abbacides et des Fatemides, les grandes villes de l'Orient offraient de nombreux exemples de ces impôts extraor- dinaires; on en prélevait même sur les pèlerins à la grande foire de la Mecque; mais Salah ed-Dîn (Saladin) Ibn Aiyoub les supprima tous et les remplaça en prenant des mesures qui contribuèrent au bien public. Il en fut de même en Espagne, sous les rois provin- ciaux; mais Youçof Ibn Tachefiii, l'émir des Almoravides, y mit fin. De nos jours, les mêmes abus eurent heu dans le Djerîd, province de rifrîkiya, quand ^ les chefs qui gouvernaient les villes de cette contrée se furent déclarés indépendants^.

��Le souverain qui fait le commerce pour son compte nuil aux intérêts de ses sujets et ruine les revenus de l'État.

��Quand le revenu de l'empire ne suffit plus aux frais et aux besoins du gouvernement, ce qui tient au progrès du luxe et des habitudes de dépense, on est obligé d'avoir recours à des moyens extraor- dinaires pour y remédier el pour se procurer de l'argent. On im- pose des taxes siu- les objets vendus par les sujets de l'Etat et l'on établit des droits de marché, ainsi que nous venons de le dire dans le chapitre précédent; ou bien on augmente les impôts de toute

' Pour ijv:^ , lisez (ji^. déposséda tous ces petits chefs et incor-

^ Le sultan hafside Aboul '1-Abbas, qui pora leurs villes dans l'empire. (Voy. VHis- monta sur le trône de rifrîkiya, l'an 1870, toire des Berbers , t. III, p. 91 el suiv.)

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