Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/135

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DIBN KHALDOUN. 127

dant cette période, la force dont le gouvernement disposait s'est tel- lement alï'aiblie, que le souverain ne peut plus continuer ses actes de despotisme et d'oppression. Il borne sa politique dorénavant à ménager sa position en prodiguant de l'argent (aux mécontents); cela lui paraît plus avantageux que d'employer l'épée, dont il a re- connu le peu d'utilité '. Ayant sans cesse un besoin extrême d'argent, puisqu'il doit subvenir aux frais toujours croissants de l'administra- tion et à la solde des troupes , il s'efforce , mais en vain , d'atteindre au but qu'il se propose *. Le gouvernement s'affaiblit au dernier de- gré; les provinces méconnaissent son autorité; il ne cesse de se dé- sorganiser pendant les périodes suivantes de son existence, et il finit par succomber. L'empire, exposé aux tentatives ^ des ambitieux, tombe au pouvoir du premier chef qui essaye de l'arracher aux mains de ceux qui le gouvernent, ou bien, si les ennemis le laissent tranquille, il continue à perdre ses forces jusqu'à ce qu'il succombe épuisé, ainsi que s'éteint la mèche d'une lampe quand l'huile est consumée. Dieu est le maître de toute chose, le goavemear de tous les êtres; il n'y a. point d'autre dieu que Lui.

Dans les premiers temps d'un empire, ses frontières ont toute l'étendue qu'elles sont P. n4. capables de prendre. Ensuite elles se rétrécissent graduellement, jusqu'à ce que l'empire soit réduit à rien et s'anéantisse '.

Dans un chapitre de la troisième section de ces Prolégomènes^, nous avons fait observer, en traitant du khalifat et de la royauté , que chaque empire a, pour sa part, un certain nombre de principautés et de provinces, et qu'il ne peut pas en avoir davantage. Cela est évi- dent quand on considère que l'empire doit pourvoir à la défense des contrées et des régions dont il se compose , en y distribuant des troupes. Quand le gouvernement a disposé ainsi de toute son armée,

' Pour *jUc , lisez ajUc. crits C, D et dans l'édition de Boulac. Il

' Pour ^xjkj , lisQz k^5xjU . se trouve dans le manuscrit A. Je crois

' Pour ».iLu«,ûfl, lisez »>iLo.ûf. qu'il est d'Ibn Khaldoun.

' Ce chapitre manque dans les manus- ^ Voy. la i" partie, p. 332

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