Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

140 PROLÉGOMÈNES

elle produit une maladie de poumons qui est, en réalité, la peste, fléau dont les influences délétères agissent spécialement sur ces or- ganes. Si l'altération n'est pas assez grave pour que la corruption prenne un giand développement, cela amène au moins beaucoup de fièvres et de maladies qui causent la mort en attaquant la constitution et le corps. La cause de cette corruption excessive et de ces vapeurs pernicieuses, c'est l'excès de la population dans les derniers temps de l'empire , excès qui provient de la douceur et des vertus du gouver- nement dans la première période de son existence , et du soin qu'il mettait à protéger ses sujets et à ne pas les surcharger d'impôts. Cela est manifeste. Voilà pourquoi, dans les traités de philosophie, on trouve énoncé, en son lieu et place, que les contrées habitées doi- vent être coupées par des régions abandonnées et par des déserts, afin que fondulation de fatmosphère s'opère plus facilement; car ce . mouvement amène de fair pur et enlève au mauvais air les prin- cipes de corruption qu'il avait absorbés pendant son contact avec les êtres animés. C'est par la raison déjà indiquée que la mortalité est toujours plus forte dans les villes qui , comme le Caire, en Orient, et Fez, en Occident, possèdent une nombreuse population. Dieu fait ce qu'il veut.

La société ne saurait exister sans un gouvernement {sïaça) qui puisse y maintenir l'ordre.

Il est pour les hommes d'une nécessité absolue de se réunir en société, ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois. La réunion des hommes en société est ce qu'on désigne par le terme omran (civili- sation), matière dont nous traitons dans cet ouvrage. Les hommes, ayant adopté la vie sociale, ne peuvent se passer d'un modérateur ou magistrat à qui ils doivent avoir recours (dans leurs contestations). Dans certaines sociétés, fautorité du magistrat s'appuie sur une loi que Dieu a fait descendre du ciel et à laquelle on se soumet, dans la 127. croyance qu'on sera récompensé ou puni (selon sa conduite) à cet égard, croyance introduite par celui qui a fait connaître cette loi'. ' Je suis le texte des manuscrits G et D et de l'édition de Boulac. Ils portent :

�� �