Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/334

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326 PROLEGOMENES

Travailler au service d'iiii maître est un moyen de gagner sa vie qui n'est pas conforme à la nature.

Le souverain, placé toujours vis-à-vis' de l'obligation de com- mander et de gouverner, a besoin d'avoir des serviteurs dans toutes les branches de l'administration. 11 ne saurait se passer de soldats, d'une police armée ni de gens de plume. Pour remplir chaque em- ploi, il fait choix des personnes dont il a reconnu la capacité, et leur assigne des traitements sur son trésor. Tous les emplois étant subordonnés à l'autorité supérieure et fournissant des moyens d'exis- tence qui proviennent d'elle, les hommes qui s'en chargent sont tenus dans la soumission et doivent une obéissance aveugle au sou- verain , l'auteur de leur fortune '-. H y a d'autres genres de service moins honorables que celui du prince, et dont l'origine s'explique ainsi : la plupart des ix»dividus qui vivent dans le luxe trouvent au- dessous de leur dignité ^ l'obligation de s'occuper des choses dont ils ont besoin, ou bien, ils sont incapables de le faire, parce qu'ils ont été élevés au sein de la mollesse. Aussi prennent-ils * des gens qui font cette besogne pour eux, moyennant ime rétribution. Cette nonchalance n'est pas honorable et ne convient pas à la dignité na- turelle de l'homme : en empruntant l'aide d'autrui on décèle sa propre faiblesse, et l'on se laisse conduire à créer de nouveaux em- plois et à augmenter ainsi ses dépenses. C'est donner une preuve y- 279- évidente de son impuissance et de son naturel efféminé, défauts que toute personne, jalouse de se conduire en homme, doit tâcher d'évi- ter. Mais il est malheureusement dans la nature de l'espèce humaine de se laisser entraîner^ par ses habitudes dans l'ornière de la rou-

' Les mots «Xva^-j* (JôJ\ signifient ^ Litléral. « la source de leurs rigoles , « 

«avec lequel on se rencontre souvent.» c'est-à-dire, «la .source qui fournit à leurs

Dans le Hamaça, p. if^A, I. i5 , on trouve dépenses. » l'expression J^ys^ cJU^o^ «il est sur ton ' Pour r^J^J ■ lisez j^ys?-

chemin, » c'est-à-dire, «il a de fréquentes * Pour j-^i^ , lisez ô^^-

entrevues avec loi. » ' Pour i_>Uj', lisez o^Uj'.

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