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D'IBN KHALDOUN. 433

n'entreprendrons pas d'en expliquer la nature dans cet ouvrage, parce que les hommes versés dans les sciences(spécuiatives) se sont déjà char- gés de cette tâche. Dieu vous a donné l'oaïe, la vue et des cœurs; mais très- peu d'entre vous lai témoignent de la reconnaissance. {Coran, sour. xxui, vers. 80.)

De ia nature des connaissances humaines. et de celles des anges.

Nous avons en nous-mêmes la conviction intime et certaine qu'il existe trois mondes (ou catégories d'êtres), dont le premier est le monde qui tomhe sous les sens. Nous reconnaissons celui-ci aux im- pressions recueillies par les sens, moyens de perception que nous possédons en commun avec les autres animaux. La réflexion, faculté spéciale à l'homme , nous enseigne ' de la manière la plus positive l'exis- tence de l'àme humaine; (elle nous le fait savoir) au moyen des connaissances acquises et renfermées dans notre intérieur; connais-, sances bien au-dessus de celles qui proviennent des sens. Voilà donc un monde supérieur au monde sensible. Le troisième monde est au- dessus de nous et sq reconnaît aux impressions qu'il laisse dans nos cœurs, c'est-à-dire, aux volontés et inclinations qui nous portent à nous remuer pour agir. Nous reconnaissons ainsi l'existence d'un agent qui nous fait agir et qui est dans im monde au-dessus du nôtre; c'est là le monde des esprits et des anges. Là se trouvent des essences (c'est-à- dire des êtres) qui, malgré la différence qui existe entre nous et elles, s'aperçoivent aux impressions qu'elles font sur nous. On atteint quel- quefois à ce monde supérieur et spirituel ainsi qu'aux essences qu'il renferme; la vision (spirituelle) et ce que nous éprouvons pendant P. 371. le sommeil peuvent nous y conduire. Dans le sommeil, on apprend des choses dont on ne se doutait pas dans l'état de veille et qui se trouvent ensuite justifiées par les événements. On reconnaît là des vérités provenant du monde de la vérité. Quant aux songes confus^, ce sont des formes déposées par la perception dans l'intérieur de l'ima-

' Je lis ^XiJLj. — ^ Voyez la 1" partie, p. 316.

Prolégomines. — ii, 55

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