Page:Ibsen - Catilina, trad. Colleville et Zepelin.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
CATILINA

Non pas cette immortalité aimable du poète,
Qui est semblable aux rayons des étoiles,
Mais celle qui brille comme l’éclair dans le ciel sombre.
Je ne voulais pas, comme tant d’autres,
Vivre dans la mémoire des hommes
Par la noblesse de mon esprit ou par les vertus familiales ;
Je n’aspirais point à l’admiration :
Etre admiré a été et sera
Jusqu’à la fin du monde le lot des autres.
Non, c’est avec du sang et par la terreur
Que je voulais rendre mon nom immortel,
Je voulais que chacun fût muet de terreur
Au souvenir de mes actions.
Je voulais qu’on me considérât comme un homme
Que personne, avant lui, n’avait osé, ni après lui,
N’oserait égaler dans l’horreur.
Tel fut mon rêve ; mais je me suis trompé,
Tu demeurais près de moi.
Pourquoi n’ai-je pas deviné
Ce que tu cachais dans le fond de ton âme ?
Prends garde, Catilina !
Sache que je connais l’avenir,
Dans les étoiles je peux lire ton destin…
Ton destin !