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CATILINA

Aux soldats tombés la bienvenue dans le sombre royaume.

(Une pause.)

Tout est calme. Ainsi, maintenant, il m’appartient,
Il est à moi, à moi seule, pour l’éternité ;
Ensemble nous pouvons faire route maintenant
Vers le Léthé.
Nous pouvons traverser ensemble le fleuve
Où le jour n’apparaît jamais.
Mais, d’abord, il me faut chercher son corps là-bas,
Je veux me réjouir en contemplant les beaux traits de cette figure
Que j’ai tant haïe,
Me réjouir, avant que le soleil et les corbeaux
Ne détruisent ces restes.

(Elle veut sortir, mais tressaille et recule.)

Quoi donc ! Que vois-je dans la prairie là-bas ?
Les vapeurs des marais
Qui par le froid du matin forment d’étranges tableaux.
Mais… cela s’approche !
C’est l’ombre de Catilina ! Son spectre !
Je vois son œil éteint,
Son bouclier fendu, son épée sans lame.
Je vois nettement l’homme mort ;
Mais — étrange ! — il y a une seule chose que je ne puis voir :
La blessure mortelle.

(Catilina traverse la forêt : il est paie et faible ; sa tête est pendante, son regard hagard.)