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CATILINA

Tu m’appelais un spectre.
Oui, je suis mon propre spectre.
Mais le sommeil de mes amis
N’est ni tranquille, ni exempt de rêves.
Oh ! ne le crois pas !

FURIA

Parle.
A quoi rêvent-ils, tes amis ?

CATILINA

Ecoute bien :
Je me tenais désespéré à la tête de l’armée
Et j’allais au-devant de la mort ;
A droite, à gauche, tous tombèrent autour de moi,
D’abord Statilius, puis Gabinius, puis Manlius ;
Mon ami Curius fut tué, en cherchant
A me couvrir de son corps.
Tous sont tombés sous les coups de l’épée romaine,
De cette épée qui ne méprisa que moi, que moi seul.
Oui, le fer romain méprisa Catilina !
Mon épée se brisa et je demeurai évanoui
Au milieu de la bataille furieuse.
Je suis seulement revenu à moi
Quand tout fut terminé ; alors j’ouvris les yeux