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CATILINA
AURELIA

Oui, mais si au naufragé sourit une rive hospitalière,
S’il nage vers des bords couverts de vertes forêts,
L’espoir renaît en son cœur,
Et il lutte éperdûment pour gagner le verdoyant rivage
Où règne la paix, où doucement la vague baise le sable.
Alors c’est là qu’il reposera ses membres si las
Et que la brise du soir rafraîchira son front,
Dissipera ses cruels souvenirs
Et rendra la paix bénie à son cœur,
Et c’est là qu’il vivra désormais dans le repos
Et dans l’oubli du triste passé,
Et si un écho lointain des bruits de la cité
Parvient jusqu’à sa tranquille demeure,
Son âme n’en sera pas troublée,
Au contraire plus calme et plus joyeux
En songeant aux désillusions et aux douleurs disparues,
Il appréciera davantage la paix d’une existence
Qu’il ne changerait plus contre toute la gloire que peut donner Rome.

CATILINA

Oui, cela est vrai !
Mais si je te suivais loin du tumulte de la cité