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CATILINA

Agit là-haut parmi les vivants,
Je leur demanderai s’il a tenu ses serments,
Et à la lumière bleue
D’une torche de soufre
Je regarderai dans les yeux éteints de chaque mort
Pour voir si ce ne sont pas ceux de Catilina.
Enfin quand il arrivera lui-même je m’attacherai à ses pas,
Ensemble nous traverserons le fleuve,
Ensemble nous pénétrerons dans
Le silencieux empire de Pluton ;
Devenue ombre, je poursuivrai son ombre,
Là où sera Catilina toujours on trouvera Furia.

(Après une pause, d’une voix plus faible.)

L’air devient lourd et chaud,
Je respire péniblement,
Je m’approche donc des sombres marais
Où les fleuves infernaux s’écoulent lentement.

(Elle écoute, on entend un bruit sourd.)

Quel est ce bruit ? On dirait le battement des rames.
C’est le passeur des morts qui vient me chercher ;
Je l’attends… Je l’attends ici.

(Les pierres de l’ouverture fraîchement marée tombent, Curius se montre dans l’ouverture et fait sigue à Furia.)