Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/152

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grégoire. — Réfléchis, Hialmar !

hialmar, mettant son paletot. — Il n’y a pas à réfléchir, pour un homme comme moi.

grégoire. — Au contraire ; il y a là un abîme de réflexions. Pour commencer, il faut que vous restiez tous les trois ensemble, si tu veux atteindre à cet esprit de sacrifice qui mène aux dévouements sublimes.

hialmar. — Je ne veux pas de cela ! Jamais, jamais ! Mon chapeau ! (Il prend son chapeau.) Mon foyer est en ruines. (Il éclate en sanglots.) Grégoire, je n’ai pas d’enfant !

hedwige, qui a ouvert la porte de la cuisine. — Que dis-tu là ! (Courant à lui.) Papa, papa !

gina. — Bon !

hialmar. — Ne m’approche pas, Hedwige ! Va-t’en ! je ne puis pas te voir. Oh, ces yeux ! Adieu.

(Il veut se diriger vers la porte.)

hedwige, se suspend à lui en criant. — Non ! non ! non ! Ne t’éloigne pas de moi.

hialmar. — Je ne puis pas. Je ne veux pas ! Je veux m’en aller loin de tout cela !

(Il se dégage des mains d’Hedwige et sort par la porte du palier.)

hialmar, le regard désespéré. — Il nous quitte, maman ! Il nous quitte ! Il ne reviendra plus jamais !

gina. — Ne pleure pas, Hedwige. Papa reviendra pour sûr.