Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/171

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cette nuit, en rentrant. Mais, ce matin, je ne puis pas le retrouver.

gina. — Bon Dieu ! Où as-tu traîné avec ces deux noceurs-là ?

hialmar. — Ah ! ne me questionne pas. Crois-tu donc que je sois dans une disposition d’esprit à me souvenir de chaque détail ?

gina. — Pour peu que tu n’aies pas pris froid, Ekdal.

(Elle entre à la cuisine.)

hialmar, tout en vidant son tiroir, murmure rageusement. — Relling, tu es un coquin ! Vaurien, va ! Misérable séducteur ! — Vrai Dieu, si j’avais eu quelqu’un pour te poignarder !

(Il met de côté quelques vieilles lettres, trouve le papier qu’il a déchiré la veille et en examine les morceaux, qu’il écarte vivement en voyant entrer Gina.)

gina, apportant le café sur un plateau qu’elle pose sur la table. — Voici un doigt de café chaud, si tu en as envie. Et puis quelques tartines et un peu de hareng salé.

hialmar, regardant furtivement le plateau. — Un peu de hareng salé ? — Sous ce toit ? Jamais. Voilà, près de vingt-quatre heures que je n’ai rien mis de solide dans ma bouche. N’importe ! — Mes notes ! Les souvenirs de ma vie, que j’ai commencés ! Voyons ! Où ai-je donc mon journal et ce qu’il y a de plus important dans mes papiers ? (Il ouvre la