Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/187

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faut qu’elle aille chez elle, dans la petite pièce. Viens, Ekdal, nous allons l’emporter.

(Hialmar et Gina prennent le corps d’Hedwige.)

hialmar, en l’emportant. — Oh ! Gina, Gina ! Pourras-tu supporter cela ?

gina. — Nous nous aiderons l’un l’autre. À présent, je crois qu’elle est à tous les deux.

molvik, murmure, en étendant les mains. — Gloire au Seigneur… Tu retourneras en poussière… tu retourneras en poussière…

relling, bas. — Tais-toi donc, animal ! Tu es saoul.

(Hialmar et Gina emportent le corps par la porte de la cuisine. Molvik s’éclipse par celle du palier.)

relling, s’approchant de Grégoire. — On ne me fera jamais gober l’accident.

grégoire, qui s’est tenu atterré, les épaules convulsivement secouées. — Personne ne peut dire comment cette horreur s’est passée.

relling. — La balle a traversé le corsage. Il faut qu’elle ait tiré en appuyant le canon contre sa poitrine.

grégoire. — Hedwige n’est pas morte en vain. Avez-vous vu comment la douleur a dégagé ce qu’il y a de grand en lui ?

relling. — Presque tout le monde se fait grand pour pleurer devant un mort. Mais combien de temps croyez-vous que durera cette splendeur ?