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ROSMERSHOLM

kroll. — Oui, il y a longtemps que vous montrez vos bonnes intentions à mon égard. N’y a-t-il pas un commandement qui défend de porter faux témoignage contre son prochain ?

mortensgaard. — Monsieur le recteur n’a pas besoin de m’enseigner les commandements.

kroll. — Pas même le sixième ?

rosmer. — Kroll — !

mortensgaard. — Si c’était nécessaire, la tâche incomberait à monsieur le pasteur.

kroll, avec une perfide ironie. — Le pasteur ? Sans aucun doute, le pasteur Rosmer est un homme compétent en cette matière. Bien du plaisir, messieurs.

(Il sort et referme bruyamment la porte derrière lui.)

rosmer, à part, le regard fixé sur la porte. — Allons, le sort en est jeté. (Se retournant.) Voulez-vous me dire, M. Mortensgaard, à quoi je dois votre visite ?

mortensgaard. — À vrai dire, j’étais venu voir Mlle West. J’ai cru devoir la remercier pour la bonne lettre qu’elle m’a écrite hier.

rosmer. — Je sais qu’elle vous a écrit. Lui avez-vous parlé ?

mortensgaard. — Oui, un instant. (Avec un demi-sourire.) J’entends dire que les opinions ont changé sur quelques points à Rosmersholm.