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ROSMERSHOLM

rébecca. — C’est le calme de la résolution. {& asseyant.) Vous aussi, recteur, prenez place.

(Kroll s’assied sur le sofa.)

rosmer. — Le calme de la résolution ? Quelle résolution ?

rébecca. — Mon cher ami, je vais te rendre ce dont tu as besoin pour vivre : la joie d’une conscience pure.

rosmer. — Que veulent dire ces paroles ?

rébecca. — Je te raconterai ce qui s’est passé. Cela suffira.

rosmer. — Parle !

rébecca. — Quand je suis venue du Finmarck, avec le docteur West, j’ai eu comme la révélation d’un monde nouveau qui s’ouvrait tout grand devant moi. Le docteur m’avait enseigné un peu de tout. Ces notions éparses étaient alors tout ce que je connaissais de la vie, (se maîtrisant avec effort, d’une voix à peine intelligible.) Et alors…

kroll. — Et alors ?

rosmer. — Mais, Rébecca, tout cela m’est connu.

rébecca, se maîtrisant. Oui, oui, tu as bien raison : tu ne le sais que trop.

kroll, la regardant fixement. — Il vaut mieux, peut-être que je m’en aille ?

rébecca. — Non. Il faut que vous restiez, cher recteur. (S’adressant à Rosmer.) Voici de quoi il