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ROSMERSHOLM

rosmer, prenant également son chapeau. — Eh bien ! je t’accompagne.

kroll. — Vraiment ! Je savais bien que tu n’étais pas perdu pour nous.

rosmer. — Viens, Kroll, viens !

(Ils sortent par la porte du vestibule sans regarder Rébecca. — Un instant après, Rébecca se dirige avec précaution vers la fenêtre et regarde, cachée derrière les fleurs.)

rébecca, Se parlant à elle-même à voix basse. — Aujourd’hui encore il évite la passerelle. Jamais il ne traversera le torrent. Jamais. (S’éloignant de la fenêtre.) Allons, c’est bien !

(Elle sonne. — Peu après, Mme Helseth entre par la porte de droite.)

mme helseth. — Que désire mademoiselle ?

rébecca. — Mme Helseth, auriez vous la bonté de faire descendre ma malle du grenier.

mme helseth. — Votre malle ?

rébecca. — Oui, vous savez bien, la malle brune recouverte en loutre.

mme helseth. — Bien sûr. Mais, Seigneur Jésus, que signifie cela ; mademoiselle veut-elle partir ?

rébecca. — Oui — je veux partir, Mme Helseth.

mme helseth. — Sur le champ ?

rébecca. — Aussitôt que j’aurai fait ma malle.

mme helseth. — Je n’ai jamais entendu rien de pareil ! Mais mademoiselle reviendra bientôt, pour sûr.