Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/47

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qu’elle m’est devenue en quelque sorte indispensable. Elle a de l’esprit, une humeur égale, elle anime la maison, et voilà justement ce qu’il me faut.

grégoire. — Eh bien, oui, alors tu as ce que tu désires.

werlé. — Mais, vois-tu, je crains que cela ne puisse pas durer. Une femme dans ces conditions arrive facilement à avoir une fausse position. Même pour un homme, cela ne vaut rien.

grégoire. — Bah ! quand un homme donne des dîners, comme toi, il doit y avoir peu de chose qu’il ne puisse se permettre.

werlé. — Mais pense à elle, Grégoire. J’ai peur que cela ne lui répugne à la longue. Et si même, par dévouement pour moi, elle consentait à braver les mauvaises langues, les méchants propos et tout ce qui s’ensuit ? Peux-tu vraiment admettre, Grégoire, avec le sentiment de justice qui te caractérise… ?

grégoire, l’interrompant. — Dis-moi simplement que tu veux l’épouser ?

werlé. — Et si je le voulais ? Qu’y aurait-il à dire ?

grégoire. — Je le demande aussi, qu’y aurait-il à dire ?

werlé. — Cela te serait-il extrêmement désagréable ?