Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/65

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quoi ça sert. Et il n’est venu personne pour la chambre ?

gina. — Personne jusqu’à présent.

hialmar. — Il fallait s’y attendre… Quand on ne sait pas s’y prendre… Tu sais, Gina, il faut se secouer.

hedwige, s’approchant de lui. — Faut-il que j’aille chercher la flûte, papa ?

hialmar. — Non, pas de flûte ! Je n’ai pas besoin de joie dans ce monde ! (Marchant.) Assurément oui, je me mettrai au travail demain : on peut y compter. Je travaillerai, tant que j’aurai des forces.

gina. — Voyons, mon bon, mon cher Ekdal, ce n’est pas ainsi que je l’entendais.

hedwige. — Papa, ne veux-tu pas que je t’apporte une bouteille de bière ?

hialmar. — Non. Je n’ai besoin de rien, moi, — (s’arrêtant.) De la bière ? De la bière, dis-tu ?

hedwige, empressée. — Oui, papa, de la bonne bière, bien fraîche.

hialmar. — Allons, puisque tu y tiens absolument, tu peux apporter une bouteille de bière.

gina. — Oui, c’est cela ; vas en chercher une : nous allons nous donner un peu de bon temps.

(Hedwige se précipite vers la porte de la cuisine.)

hialmar, près du poêle, l’arrête, la regarde, lui saisit la tête et l’appuie contre sa poitrine. — Hedwige, Hedwige !