Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/36

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Nora.

Voyons, Torvald. Cette année nous pouvons bien dépenser un peu plus. C’est le premier Noël où il nous est permis de ne pas lésiner.

Helmer.

Oui, mais nous ne devons pas être prodigues.

Nora.

Un peu, Torvald, un petit peu n’est-ce pas ? Maintenant que tu vas toucher de gros appointements et que tu gagneras beaucoup, beaucoup d’argent.

Helmer.

Oui, à partir du 1er  janvier, et encore il s’écoulera tout un trimestre sans que je touche rien.

Nora.

Et qu’importe ! D’ici-là on empruntera.

Helmer.

Nora ! (Il s’approche d’elle et lui tire l’oreille par plaisanterie.) Toujours cette légèreté. Suppose que j’emprunte aujourd’hui mille couronnes. Tu les dépenses pendant les fêtes de Noël, la veille du nouvel an une tuile me tombe sur la tête et…

Nora, lui fermant la bouche avec la main.

Tais-toi, ne dis pas des choses pareilles.

Helmer.

Mais figure-toi qu’elles arrivent. Et bien alors ?

Nora.

Si cela arrivait… il me serait bien égal d’avoir des dettes ou de ne pas en avoir.

Helmer.

Et les gens qui m’auraient prêté l’argent.

Nora.

Ces gens-là, qui pense à eux ? Ce sont des étrangers.