Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
LE JET D’EAU

C’est ce qui se fit en son temps.

L’oncle et la tante vinrent nous chercher à la gare. Au départ, on nous avait recommandées au chef de train.

Madame Tessier habitait la ville, à quelques kilomètres sur la route d’Arnage. Son mari, associé d’un marchand de biens n’était là qu’à midi et le soir. Souvent même il déjeunait au-dehors pour ses affaires. La maison m’enchantait avec son potager et son verger si vastes, trop grande pour le couple et son unique bonne, la vieille Maria. De là date mon amour pour la campagne, amour qui sera éternel, n’en doutez pas, car je ne le satisfais jamais, malgré mon envie. Tous les ans, et cela me dure huit jours, il me prend une rage folle de voir de la verdure, des vaches, des oies, des grenouilles, et cela finit, chaque fois, par un déjeuner que m’offre un ami ayant une auto, à Saint-Germain ou à Barbizon.

À Arnage, la Sarthe passe. C’est une belle rivière pleine de grenouilles sur ses bords, avec des martins-pêcheurs dans les saules, qu’on voit, éblouissants de vives couleurs comme des oiseaux des îles, piquer tout d’un coup vers l’eau et revenir avec un petit poisson d’argent qui, pincé dans leur petit bec, étincelle au soleil. Je ne connaissais pas cet amour d’oiseau-là, cette fleur aîlée, de jade, d’émeraude et de lapis. Tous les habitants du pays en ont un, empaillé sur leur cheminée.

Et puis, il y a des mûres plein les haies. Il n’est pas de propriété, jardin ou champ, que n’entoure une haie de ronce. Or, les gosses du pays ne touchent pas aux