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UN BON MARIAGE

Voici donc le récit de Camille !

— J’ai de qui tenir ! maman adorait fesser. Mais, les garçons surtout. Par chance, elle en avait un, mon aîné de trois ans.

Il faut vous dire d’abord et ceci explique tout, peut-être, que maman était une féministe convaincue.

Restée veuve après quatre ans de mariage, elle n’avait pas voulu se remarier, bien qu’elle eût été demandée plus d’une fois. C’est qu’elle n’avait pas été heureuse et sa première expérience ne l’incitait pas à recommencer. Mon père était, paraît-il, un coureur et s’il n’avait pas trouvé la mort dans l’accident du métro, en 1908, cela aurait tourné mal.

Dans les affaires, ayant une belle situation, il lui laissait de quoi vivre et nous élever. Maman avait de l’instruction et s’occupait activement de politique et surtout de revendications féminines. Elle fréquentait certains groupements et assistait aux réunions, aux meetings prenant parfois la parole avec une énergie passionnée. C’était une grande femme châtain foncé. Je tiens mon blond de papa. Devançant la mode des cheveux courts, elle portait les siens rejetés en arrière, ne dépassant pas la nuque et découvrant son front qui était vaste et beau, en coupole. Elle avait des yeux épatants. Du reste, tout le monde dit que je les ai hérités.