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L’AUTRE CLOCHE

Dans un petit bal musette, rue de Crimée. J’y vais avec mes deux sœurs. Maman ne veut pas, mais tant pis. Cela nous vaut des fessées, tant mieux. On en est quittes pour serrer les fesses.

J’y fais connaissance de plusieurs poules. Je fuis les hommes, je me contente de danser avec eux ; mais, ensuite, je les laisse tomber. J’accepte une grenadine, c’est tout : bonsoir !

Il y a de jolies filles, dans mon genre, qui ne s’en laissent pas conter non plus. C’est surtout entre nous que nous dansons. D’abord, elles tanguent mieux. Avec elles, c’est une caresse qui me grise, de tanguer, Et puis, elles sentent bon.

Et l’on cause. On se retrouve. Il y en a trois avec qui je sors, le dimanche d’après.

On va à Romainville, aux Lilas. Sur les trois, il y en a deux déjà de qui je sais qu’elles ne comprennent rien, mais rien du tout, à mes insinuations. J’ai beau leur tendre la perche, elle ne la saisissent pas. En vain, je fais la gosse, je les provoque, pour leur suggérer de me fesser je leur claque le derrière, par dessus la jupe.

C’est en pure perte avec ces deux cruches.

Mais l’autre, la troisième, marche…

Cela me suffit. C’est elle qui cueille ma rose.

Elle a vingt ans. Elle est fleuriste. C’est une belle fille, châtain foncé. Un teint : une merveille ! Elle travaille dans le centre, mais elle demeure de l’autre côté des buttes, rue des Annelets. Je la connaissais de vue, je la trouvais jolie. Je ne me doutais pas que ce serait ma