Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
BRASSÉE DE FAITS

À la rentrée d’octobre, Rose entra dans la petite classe. Madame Tourneur fouettait assez vertement les gosses et sans plus ménager filles que garçons. La main osseuse de cette grande femme, vigoureuse dans sa maigreur, avait vite fait de rougir une paire de fesses enfantines.

Pendant trois ans, le petite resta sous sa coulpe et ne courut aucunement, grâce à elle, le risque de perdre quoique ce fût de la remarquable endurance que, concurremment, lui inculquait la main maternelle. Mais, ce fut en première classe qu’elle put se perfectionner encore et contracter définitivement l’endurance mentionnée plus haut et qu’elle s’honore aujourd’hui d’avoir conservé.

Trois ans passés en première achevèrent de faire d’elle le sujet d’élite que légitimement elle se targue d’être. Monsieur Tourneur fessait ferme et longtemps. Lorsqu’une grande fillette l’avait mérité, il la traitait de même qu’un garçon de cet âge, c’est-à-dire qu’à l’un comme à l’autre il baissait la culotte, sous les yeux des camarades diversement intéressés.

C’étaient parfois de très fortes fessées et Rose se rappelait une condisciple, enragée par moments, qui, en proie à une de ses crises de fureur inexplicable et en quelque sorte purement nerveuse, ayant été jusqu’à jeter ses livres, ses cahiers et à les trépigner, en réponse à une observation du maître, fut, pendant une semaine fessée de remarquable façon, tous les jours.

La première fois que Rose, évoquant devant Mon-