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CES MESSIEURS

calmer leur énervement. Mais, il n’y avait rien de fait.

Nous connaissions leurs maîtresses. Désiré, il avait, lui, la fille d’un patron d’estaminet de la rue de la République. Nous avions été à l’école ensemble. Et Alcide, une femme mariée, la femme d’un employé au chemin de fer, travaillant de nuit. Il couchait avec elle trois fois par semaine. Elle était d’Armentières. Vous parlez d’une belle femme. Décidément, il lui en fallait des taillées. Ayant quelque chose comme paire de fesses, il avait de quoi faire avec elle.

Pour nous, il en eût été ainsi, je ne sais combien de temps, et peut-être bien que ça aurait tourné finalement comme ça doit tourner un jour ou l’autre entre hommes et femmes vivant ensemble huit heures par jour, quand arriva ce que vous savez.

Oui, c’est la guerre seule, qui nous empêcha de la recevoir plus longtemps leur sacrée fessée, qu’ils aimaient tant nous donner.

Le jour de la mobilisation, tout s’arrêta, le travail comme le reste. Et la classe 1902, vous savez quand on l’a appelée.

Nous deux, avec nos sœurs, on était parties pour Paris, où l’on trouverait tout de suite à s’occuper. Pensez : devant la tournure que prenaient les événements, on n’allait pas rester là à attendre les Boches. Avec tout ce qu’on racontait, les jolies filles faisaient bien de s’en aller.