Page:Iorga - Histoire des relations entre la France et les Roumains, 1918.djvu/47

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Là, il fit fondre des canons, préparer une petite armée et élever des palais dont le goût français fit un peu plus tard l'admiration de Bongars, le savant éditeur des Gesta Dei per Francos. En février 1584, Germigny se déclarait enchanté de « nostre prince », qui lui « avoit envoyé pour ses estreines son portraict avec deux timbres de zebelline ».

L'affaire finit mal cependant. Ce prince aux grands airs et aux habitudes dépensières, ce coquet personnage, ami des étrangers, déplut. Des plaintes furent adressées à la Porte, et Mihnea sut en tirer parti. Pierre fut destitué sans que l'ambassadeur de France, toujours en mal d'argent, pût intervenir pour détourner le coup. Or Pierre, qu'on avait affublé du sobriquet de Cercel, ou « Boucle d'oreilles », à cause de cet ornement qu'il portait à la manière des mignons de Henri III, préféra s'enfuir en Transylvanie, où il fut dépouillé et retenu dans une prison d'Etat, pendant deux ou trois ans. S'étant échappé du château de Munkacs, il n'osa plus se présenter à la Cour de son ancien protecteur, où, du