Page:Irving - Le Livre d’esquisses, traduction Lefebvre, 1862.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOËL.


Mais est-il donc parti, le vieux, vieux, bon vieux Noël ? Ne nous reste-t-il donc que les cheveux de sa bonne vieille tête grise et sa barbe ? Eh bien, j’aurai toujours cela, puisque je n’en puis avoir davantage.
Noël, à cor et à cri.


Partout, quand Noël arrivait,
Un homme en ce temps-là pouvait
Contre le froid opiniâtre
Voir un bon feu lutter dans l’âtre.
Petits et grands faisaient régal.
On conviait le voisinage ;
On les traitait, selon l’usage,
En amis, et l’accueil brutal
Ne contristait pas l’infortune,
Qui prenait place et s’étonnait
De ne point paraître importune —
Il était neuf, le vieux bonnet !

Vieilles rimes.


Il n’est rien en Angleterre qui exerce une influence plus délicieuse sur mon imagination que les débris des joyeuses coutumes, des divertissements rustiques des anciens jours. Ils me rappellent les tableaux que ma fantaisie avait l’habitude de tracer à l’aurore du printemps de ma vie, quand je ne connaissais encore le monde que par les livres, et que je le croyais tout à fait tel que les poëtes l’avaient dépeint ; et ils apportent avec eux le parfum de ces temps honnêtes d’autrefois où, peut-être avec autant d’illusion, je suis enclin à penser que le monde était plus naïf, plus social et plus joyeux qu’à présent. Je le dis à regret, ils s’effacent chaque jour davantage ; ils sont graduellement emportés par le temps rongeur, et plus encore déracinés par les usages modernes. Ils ressemblent à ces pittoresques échantillons