Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome1.djvu/12

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quence : elle a répandu dans le reste du Livre une méthode et une clarté que Leibniz n’eut jamais ; et dont ses idées ont besoin, soit qu’on veuille seulement les entendre, soit qu’on veuille les réfuter.

Après avoir rendu les imaginations de Leibniz intelligibles, son esprit qui avait acquis encore de la force et de la maturité par ce travail même, comprit que cette Métaphysique si hardie, mais si peu fondée, ne méritait pas ses recherches. Son âme était faite pour le sublime, mais pour le vrai. Elle sentit que les monades et l’harmonie préétablies devaient être mises avec les trois éléments de Descartes, et que des systèmes qui n’étaient qu’ingénieux, n’étaient pas dignes de l’occuper. Ainsi, après avoir eu le courage d’embellir Leibniz, elle eut celui de l’abandonner : courage bien rare dans quiconque a embrassé une opinion, mais qui ne coûta guère d’efforts à une âme qui était passionnée pour la vérité.

Défaite de tout esprit de système, elle prit pour sa règle celle de la Société Royale de Londres, Nullius in verba ; et c’est parce que la bonté de son esprit l’avait rendue ennemie des partis & des systèmes, qu’elle le donna toute entière à Newton. En effet Newton ne fit jamais de système, ne supposa jamais rien, n’enseigna aucune vérité qui ne fût fondée sur la plus sublime Géométrie ou sur des expériences incontestables. Les conjectures qu’il a hazardées à la fin de son Livre sous le nom de Recherches, ne sont que des doutes, il ne les donne que pour tels ; et il serait presque impossible que celui qui n’avait jamais affirmé que des vérités évidentes, n’eût pas douté de tout le reste.