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DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE.

& le commun centre de gravité eſt encore moindre, & que ce commun centre de gravité eſt toujours en repos. Il arrive que le Soleil, ſelon la différente poſition des planettes, ſe meut ſucceſſivement de tous les côtés, mais il ne s’écarte jamais que très-peu du centre commun de gravité.

Cor. Le commun centre de gravité du Soleil, de la terre, & de toutes les planettes, doit donc être regardé comme le centre du monde. Car la terre, les planettes & le Soleil s’attirant mutuellement, ils ſont toujours en mouvement par la force de leur gravité en vertu des loix du mouvement : ainſi leurs centres mobiles ne peuvent être pris pour le centre du monde, qui doit être en repos. Si le corps vers lequel la gravité entraine plus fortement tous les autres devoit être placé dans ce centre, (comme c’eſt l’opinion vulgaire) ce privilége appartiendroit au Soleil ; mais comme le Soleil ſe meut, il faut choiſir pour le centre commun un point immobile duquel le centre du Soleil s’éloigne très-peu, & duquel il s’éloigneroit encore moins, ſi le Soleil étoit plus grand & plus denſe, car alors il ſeroit mû moins fortement.

PROPOSITION XIII.  THÉORÉME XIII.
Les planettes ſe meuvent dans des ellipſes qui ont un de leurs foyers dans le centre du Soleil, & les aires décrites autour de ce centre ſont proportionnelles au temps.

Nous avons diſcuté ci-deſſus ces mouvemens d’après les Phénoménes. Les principes des mouvemens une fois connus, donnent les mouvemens céleſtes à priori. Ayant donc trouvé que les poids des planettes ſur le Soleil ſont réciproquement comme le quarré de leurs diſtances à ſon centre ; il eſt évident, par les Prop. i. & 11, & par le Cor. i. de la Prop. 13. du i. Livre, que ſi le Soleil étoit en repos, & que les planettes n’agiſſent point mutuellement les unes ſur les autres, tous leurs orbes ſeroient des ellipſes qui auroient le Soleil dans leur foyer commun, & elles décriroient autour de ce foyer des aires proportionnelles au temps. Or les