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PRINCIPES MATHÉMATIQUES

marées telle que nous l’avons expoſée, n’a rien de diſproportionné aux effets que nous prétendons en déduire ; on pourroit apparemment aller plus loin, & démontrer géométriquement une entiere égalité entre les effets & leurs cauſes, ſans les grandes irrégularités des terres & de l’Océan, & ſi on connoiffoit en même temps toutes les circonſtances par rapport à l’intérieur de la terre que demande une détermination préciſe. Il s’agit donc de rechercher de combien les eaux de la mer font élevées près des poles de l’axe ſolaire de la terre par l’action du Soleil, c’eſt-là le Problême fondamental : mais cette queſtion dépend de pluſieurs circonſtances, à la connoiffance deſquelles il n’y a aucune apparence de pouvoir jamais parvenir. Il faudroit connoître toutes les variations des denſités de la matiere de la terre depuis la ſurface juſqu’au centre. Il faudroit enſuite ſçavoir, en ſuppoſant les denſités ſenſiblement inégales, ſi l’intérieur de la terre doit être conſidéré comme un globe ſolide couvert d’eau, ou bien comme fluide : dans le premier cas le globe ne fauroit changer ſa figure ; mais dans le ſecond cas chaque couche de la terre change fa figure, & fait changer celle de toutes les autres, deforte qu’à la ſurface de la terre les eaux font plus ou moins élevées ſuivant les différentes hypothèſes. Il faut même avouer l’infuffiſance de l’analyſe pour calculer les réſultats, & qu’on eſt obligé dans la généralité du Problême d’enviſager la choſe fous une face qui ne convient pas exactement avec ſa nature, ce qui fait qu’en preſſant trop les formules, on en tire des Corollaires peu conformes aux apparences de la vérité. Il faudroit encore connoître la figure & la grandeur de l’Océan. Tout cela influe ſur notre queſtion. I X.

Les réflexions que je viens de faire excuſent ſuffiſamment M. Newton de n’avoir conſidéré que le cas le plus ſimple, qui eſt de ſuppoſer la terre homogéne dans toute ſon étendue ; cette ſuppoſition rend non ſeulement les calculs praticables, mais elle a