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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/116

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par un beau dimanche

templée naguère au cinématographe : l’aventure d’un bandit pénétrant dans un caveau pour y ravir des trésors, et dont le squelette est retrouvé dix ans plus tard, la porte à ressort secret s’étant refermée sur lui. Il n’y avait pas de porte à ressort secret dans les souterrains du vieux château-fort ; il n’y avait même pas de porte du tout. Mais la peur de Walthère Hougnot était trop intense pour lui permettre de songer à ces détails, et il se voyait déjà mourant de faim, après huit ou dix jours d’une agonie affreuse.

Un sursaut de révolte le jeta à quatre pattes, tâtant le sol de ses mains fiévreuses pour retrouver cette maudite bougie. Après avoir vainement cherché tout autour de lui, il se rappela enfin, avec une remarquable présence d’esprit, qu’il avait en poche une boîte d’allumettes, en frotta une en toute hâte, ne put rien voir d’abord, tant cette faible lueur l’éblouissait, puis, au moment où la petite flamme allait s’éteindre, aperçut enfin la bougie, qui était tombée à quelques pas devant lui. Son doigt rageur fouilla de nouveau la boîte et constata, ô déveine ! qu’il y restait une seule allumette, ultime et suprême chance de salut.

À tâtons, Hougnot rempa dans la direction où il avait vu la bougie, la sentit rouler sous ses doigts, et s’en empara avec autant d’allégresse que s’il eût trouvé un vrai trésor, auquel il ne songeait plus guère maintenant. Avec des précautions infinies, il frotta sa dernière allumette sur le flanc de la boîte, par le mauvais bout d’abord, bien entendu, puis par l’autre. La petite flamme jaillit, s’approcha de la mèche, pétilla un instant, cracha avec colère quelques menues étincelles, puis s’éteignit tout à coup.

L’inutile bougie aux doigts, Hougnot passa là, peut-être en punition de ses innombrables péchés, les plus vilaines minutes de son existence.