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par un beau dimanche

cation, j’estime que la plupart de nos différends…

— Le vent devient frais, mon oncle… Si vous me disiez le reste en marchant ?

— C’est vrai, avoua le docteur, il vaudrait mieux parler tout en marchant.

Et il se remit à marcher, sans dire un mot.

Mais, deux minutes plus tard, il arrêta de nouveau Marie, d’une main impérieuse, puis déclara, péremptoire :

— Cette fois, j’ai trouvé !

— Un abri ? demanda la jeune fille.

— Mais non ! J’ai trouvé la raison de ma mauvaise humeur soudaine, de mon irascibilité inaccoutumée. C’est à cause du vent, j’en suis sûr !

— Il devient bien vif, en effet… Je crois qu’il faut nous dépêcher…

— Mais écoutez-moi donc !… Il est démontré que le vent peut, en certains cas, exercer une action formelle sur le système nerveux. Au désert, quand le vent souffle d’un certain côté, les chefs de caravanes savent que leurs hommes se battront avant le soir. Or, dans nos régions mêmes, j’ai souvent remarqué…

— La pluie, mon oncle ! Voici la pluie !

Le docteur leva le nez, juste à temps pour qu’une large goutte d’eau vint s’écraser sur le verre gauche de ses lunettes.

— En effet, dit-il, ce vent nous amène la pluie. Mais cela n’infirme en rien ma thèse sur l’irritabilité dont il est cause. Si vous voulez suivre attentivement le résumé de mes observations…

Marie lui tourna le dos et se mit à courir en ouvrant son ombrelle. L’oncle Brusy la regarda s’éloigner, plus stupéfait qu’un professeur qui verrait tous ses élèves quitter soudain la classe au beau milieu du cours. Puis il eut un sourire contraint hocha piteusement la tête, comme s’il