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Page:Itinéraire de Cl Rutilius Numatianus, poème sur son retour à Rome, trad Despois, 1843.djvu/23

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pour y apprendre le droit. Les liens les plus doux nous unissent ; c’est mon fils par la tendresse, mon parent par les liens du sang : son père Exupérance apprend aux peuples de l’Armorique à bénir le retour de la paix ; il rétablit chez eux le régime des lois et de la liberté, et les sauve de la domination de ceux qui ne doivent être que leurs esclaves.

Nous levons l’ancre au moment où la lueur douteuse de l’aurore rend aux objets leurs couleurs et permet de reconnaître les campagnes. Nous glissons sur de petites barques entre les rivages voisins, où nous voyons s’ouvrir de nombreux asiles pour nos embarcations. C’est pendant l’été que les gros navires doivent se risquer sur les flots ; mais l’automne est plus sûre pour une barque qui fuit rapidement. Nous dépassons le territoire d’Alsium, Pyrgi disparaît à notre vue : ce ne sont maintenant que de grandes villas, c’étaient naguère de petites cités. Bientôt le nautonier mous montre le pays de Curé ; le temps lui a fait perdre son ancien nom d’Agylla. Nous longeons ensuite Castrum, dont les murs sont rongés par les flots et par les années : une vieille porte indique l’emplacement de cette ville à demi ruinée. Cette porte est gardée par une petite statue représentant un dieu champêtre et par-devant portant une inscription. Quoique le temps ait effacé l’ancien nom de cette ville, on dit que c’était le Castrum d’Inuus. Inuus, c’est Pan qui a quitté le Ménale pour les forêts de là Tyrrhénie, ou Faune, qui parcourt encore les lieux de sa naissance ; ce dieu renouvelle toutes choses et verse partout la fécondité ; c’est pour cela qu’on le suppose si ardent pour les plaisirs de l’amour.

L’Auster, soufflant avec violence, nous force de relâcher à Contumcellae ; notre barque est à l’abri dans un port