Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/131

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Je savourais le spectacle dans mon cerveau, et naturellement je ne voyais pas mes pieds, situés à l’autre bout de ma personne.

Je trébuchai donc contre un obstacle.

Pauvre moi ! Qu’est-ce cela ? Dans l’angle d’une porte cochère, on dirait un gros paquet de chiffons.

Je trompe moi-même ; cela remue.

Je distingue des cheveux blonds emmêlés, une petite figure pâle, souffreteuse, avec de grands yeux bleus, où se lisait la colère et la peur.

Mon « obstacle » est une pauvresse d’une dizaine d’années à peine.

Je sens une grande émotion en moi. Le jour de la naissance du Dieu des Petits Enfants, aucun petit Enfant ne devrait souffrir. Et je dis de ma voix la plus véritablement douce :

— Que faites-vous ici, petite chose ? Vous dormiez ?

— Je ne dors pas.

Elle lance ces mots comme une injure… Non, plutôt un défi. Mais je suis Anglais… ; un Anglais relève toujours un défi :