Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/209

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Le jour de son arrivée, Jean, après avoir déposé son mince bagage à la fonda Balbaco, flâna par la ville, contempla les quais, les palais de Justice et du Gouvernement, les nombreuses églises, les jardins. Puis, cette reconnaissance terminée, il rentra à l’auberge et se coucha en murmurant :

— Demain, je chercherai de l’ouvrage. Je n’ai pas de temps à perdre, car il me reste tout juste 6 fr. 50.

De grand matin il fut debout, se fit servir un maté (thé du Paraguay) bouillant, sous une tonnelle couverte des fleurs rouges du matzére, et à la jolie servante il demanda la note de ce qu’il devait.

— Je vais chercher de l’ouvrage, expliqua-t-il, et j’ignore si je pourrai revenir ce soir.

Ce qui fit rire son interlocutrice aux éclats.

— Bon, reprit le jeune homme, vous êtes gaie !

— Oh ! gaie, señor, répliqua la chincha (soubrette)… Ma bouche rit quand mes yeux voudraient pleurer.