Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/28

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la tombe d’un frère d’armes, à défaut d’une tombe à moi.

— Votre mari aussi, soupire la veuve ?

Son interlocutrice a une hésitation visible, puis d’un accent volontaire :

— Je ne veux pas mentir ici… Nous n’étions pas mariés.

Elle achève, la voix brisée :

— Mais, vous savez, l’écharpe du maire n’aurait pas ajouté du crêpe.

Les mains des endeuillées s’unissent. Elles s’inclinent ensemble sur la tombe qui, suprême charité, devient l’autel commun de leur double douleur !

L’autre charité.

C’est à la mairie du dix-huitième.

Une jeune ouvrière, tirant après elle une fillette de deux ou trois ans, est en face de l’employé aux « allocations aux familles de mobilisés ».

— Vous n’avez droit à rien, ma pauvre petite. La loi est formelle. Pas mariée, pas de certificat établissant la vie commune, pas d’allocation !