Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/62

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— Oui, oui, je vois… Du sang. Attends, je te traînerai près des tiens.

Ses mains se glissent sous mes omoplates, ses doigts se recourbent sous mes bras. Elle me soulève, appuie ma tête à ses genoux, et lentement, à reculons, avec des précautions maternelles, elle me traîne vers ma tranchée.

Diable ! mes hommes sont méfiants. Ils vont nous canarder. J’appelle, pour les avertir, et cinq minutes après je suis à l’abri, dans le trou, entouré de ma section qui se réjouit de mon retour.

Un instant j’ai oublié celle qui vient de me sauver. Je la cherche. Un caporal me répond :

— Elle est partie vers les Boches, mon lieutenant. Elle a dit comme ça : « Je vais en envoyer à mes petites, sous la terre… Regardez cette nuit vers Saint-Gergues, vous en verrez partir beaucoup, beaucoup, beaucoup… » Elle vous avait ramené, je l’ai laissée aller.