Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/86

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J’oublie tout. Je me rue vers lui. Au risque de me faire repérer par l’ennemi, j’actionne ma lampe électrique, et il me semble que la réalité se dérobe, que le rêve m’emprisonne.

Le capuchon est tombé, et j’ai sous les yeux, la figure pâle, immobile, paupières closes, de Mlle Francine.

Elle en est quitte pour une blessure bénigne ; un simple éclat dans le bras gauche. Elle revient à elle, me voit, rougit, s’explique.

— J’avais peur ce soir… J’ai suivi de loin la compagnie… Mon frère mort dans la tranchée… ; je le pleure à présent ; mais avant, il fallait tenir sa promesse… ; les soldats comptaient sur lui pour bien mourir… ; j’ai cru que je pouvais recueillir l’héritage de charité.

Je viens de faire conduire la jeune fille au poste de secours.

Inconnue hier, elle m’apparaît maintenant comme la fiancée souhaitable au-dessus de toutes, et elle le sera, si le Dieu qu’elle prie m’accorde la grâce de revenir.