Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/102

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vice plutôt un peu gauche… gauche mais si dévoué. Tout à coup, j’entends comme un léger sifflement… Vous aussi, maman ?

L’interpellée leva les bras au ciel dans un geste éploré, et d’une voix sourde :

— Je ne sais plus… ne me demande rien… Je suis dans un rêve atroce…

— Pauvre maman !

Légère comme un oiseau, la señorita courut à la vieille dame, l’embrassa fougueusement ; puis, revenant à ses interlocuteurs :

— Je vous demande pardon, mais cela m’inquiète de la voir ainsi…

« Où en étais-je ?

— Vous entendez un sifflement, indiqua le chef de la Sûreté.

— Ah ! oui ! merci… Et le capitaine se renverse en arrière, tout net… Maman se dresse avec un cri : « Santa Virgen !… » Je pose ma théière… Le vieux Fabricio lâche son assiette, qui se brise sur le marbre de la cheminée… Vous voyez les morceaux… Il crie : « Qu’est-ce que c’est que ça ?… Du sang ! du sang !… » J’ai un frisson, vous pensez bien ; mais je regarde… Le capitaine ne fait plus un mouvement… Il a un trou au front, et une traînée rouge coule sur sa joue… Blessé ? Je le crois, du moins… Comment ? Je ne me le demande pas… Je vais vers lui, tandis que Fabricio affolé… Il est un peu poltron… Fabricio s’élance vers la porte, l’ouvre en criant : « Au secours ! au secours ! »

— La porte était fermée ?

— Oui.

— Et la fenêtre ?

— Également… Maman s’était évanouie. En la faisant porter dans sa chambre, j’ai donné l’ordre de ne rien déranger ici et de n’y point entrer jusqu’à l’arrivée de la justice.

Allan, M. Lerenaud, Chazelet se considéraient d’un air ahuri.

Le récit de la jeune fille était de tout point conforme à celui des domestiques, qu’un instant plus tôt ils qualifiaient d’invraisemblable.

Pourtant, le chef de la Sûreté insista :

— Vous avez dû entendre une détonation, mademoiselle ?

Elle secoua énergiquement la tête.

— Non… Un sifflement, et c’est tout. Vous pensez